Une femme un oiseau...

Publié le par Angela


oiseau bleu
L’Oiseau très grand qui survolait la plaine

Au même rythme que les creux et les collines,

Longtemps nous l’avions vu planer

Dans un ciel absolu

Qui n’était ni le jour ni la nuit.

Une cigogne ? Un aigle ? Tout ensemble

Le vol silencieux du chat-huant

Et cette royale envergure

D’un dieu qui se ferait oiseau…

 

Nos yeux un instant détournés

Soudain virent descendre la merveille :

C’était la fille de l’aurore et du désir

Ange dans nos sillons tombé avec un corps

Plus féminin que l’amour même et longue longue

Posant ses pieds à peine sur le sol

Car le vent de ses ailes la soulevait encore.

Enfin le lisse et blanc plumage

Sur cette femme de cristal se replia.

Elle semblait ne pas nous voir ni s’étonner qu’un lac

Au-devant de ses pas s’étendit…déjà

Elle y plongeait en souriant pour elle-même

Heureuse de se souvenir des éléments antérieurs

Et d’un temps sans limite…

Elle ourdit dans cette eau transparente

Les signes d’un langage inconnu

Puis s’ébrouant, cernée de perles,

De nouveau brillante et glacée,

Elle frappa du pied la terre…

Telle je la vois encore

Légèrement inclinée en avant

Et déjà presque détachée,

Telle nous l’avons vu monter et disparaître dans l’azur.

 

C’est depuis ce temps-là que je sais

Par quel subtil vouloir et quels secrets mouvements

Nous pouvons voler quand tout dort.

 

Jean Tardieu.

Publié dans Beaux Textes

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